Benoit Féron (BE) – « Portraits Du Rift »
Né en 1962, le photographe Benoît Feron vit et travaille à Bruxelles.
La rencontre entre Benoît Feron et la photographie trouve son origine dans un croisement de vies et de regards, celui permis par son grand-père qui lui offrit, pour ses six ans, un appareil photo. Simple jeu d’enfant, alimenté par la curiosité et l’envie de s’amuser, la photo est devenue, au fil du temps, l’expression d’une véritable passion tissée d’observation, de maîtrise et de fascination. Une passion nourrie par l’amour du vrai voyage et le désir de découvrir notre planète et les merveilles dont elle regorge encore, avec, jusqu’à présent, une attirance marquée pour l’Afrique, sa lumière inégalée, sa nature infinie et sa faune sauvage, mais aussi et surtout la diversité et l’extrême beauté de ses peuples.
C’est cette dernière qui l’a poussé à se concentrer principalement sur les tribus primitives en s’attardant également sur l’élégance de la faune sauvage ou sur l’esthétisme et la complétude de la nature et de ses paysages. Regards et visages, travail de la peau à travers la peinture corporelle rituelle, scarifications, alliance de la peau avec les bijoux ou les vêtements faits, eux aussi, bien souvent de peaux…, constituent autant de sujets que fixe le photographe dans leur authenticité et émotion.
L’exposition « Portraits du Rift » est née de la passion du photographe Benoît Feron pour la Vallée du Rift oriental, cette partie de la Terre, appelée aussi le Berceau de l’Humanité, qu’il n’a cessé de parcourir pendant dix ans, de Djibouti jusqu’au nord de la Tanzanie, en passant par l’Ethiopie et le Kenya, dans les régions les plus reculées et les moins accessibles de ces larges étendues de l’Est de l’Afrique.
De cette Vallée du Rift, il a ramené d’innombrables images de paysages, de lacs, de volcans, de faune mais aussi et surtout de peuples. Car de très nombreuses ethnies, marquées par une grande diversité, vivent dans la Vallée du Rift, du Nord au Sud. Dix-sept d’entre elles sont présentées dans l’exposition : les Afars de Djibouti et du Nord de l’Ethiopie (la région désertique du Danakil), les Somalis qui peuplent la frontière entre Djibouti et la Somalie, les Amharas du Nord de l’Ethiopie, les nombreux peuples de la Vallée de l’Omo en Ethiopie (Surma, Mursi, Hamer, Karo, Nyangatom, Erboré) mais aussi les tribus mythiques du Nord Kenya (Dassanetch, Turkana, Samburu, Rendillé, Pokot), les célèbres Massaïs qu’on retrouve au sud du Kenya et au Nord de la Tanzanie ou des peuples moins connus comme les Hadzabés ou les Datogas du Lac Eyasi en Tanzanie.
La rencontre avec ces hommes, ces femmes et ces enfants est empreinte de joie, d’émotion, de curiosité réciproque, de fierté et de dignité. Les regards profonds scrutent, interrogent le photographe, s’amusent et se jouent aussi du studio de campagne qu’il installe si simplement au milieu des villages.
Le portrait occupe une place particulière dans le travail de Benoît Feron et révèle la créativité infinie de ces peuples. Les couleurs explosent, les corps deviennent oeuvres d’art et se parent de peintures éphémères, les bijoux et les scarifications sont autant de langages qui nous sont révélés. Et si le photographe réussit à capter, dans un moment fugace et avec une grande justesse, les âmes et les émotions, ce qui frappe dans les Portraits du Rift reste ce regard proche, direct et respectueux qu’il pose sur dix-sept peuples du Rift.
Cette exposition est aussi un témoignage car les temps et les moeurs évoluent très vite, la liberté et l’autonomie de ces ethnies tendent à se réduire, face aux pressions politiques et à l’influence du tourisme, avec comme conséquence une perte graduelle des traditions parfois ancestrales. Que deviendront ces peuples et leurs coutumes dans cinq, dix ou vingt ans ? Benoît Feron associe à cette exposition Jean-Yves Marteau de African Rift Odyssey (Nairobi) pour son aide précieuse dans la préparation des voyages et son assistance sur le terrain.