« …Il y a dans les modèles qu’aime regarder l’artiste au Rolleiflex – et au Pentax 67 – un exil envoûtant, comme un appel d’amour informulé, une mélancolie de petite fille très ancienne. Les landes battues par le vent sont pour elles des écrins où apparaître sans fard, dénudées et vierges, telles des vestales.
Les villes tumultueuses les touchent peu, elles sont ailleurs, feu d’horizon, glace inaccessible, visage de franchise et de mystère.
Pas de sophistication, elles sont la nature même. Refusant de mourir du Temps, le noir et blanc qui les accueille échappe à la corruption des jours.
Ce sont des fougères, des chats tigrés, des visions de privilège. La soie est leur royaume, peau de glissades, étoffe d’onirisme.
Dans leur regard, pas de défi, ni d’invitation provocatrice, mais une sorte d’absence, de retrait, de silence souverain.
Plus qu’une étude raisonnée sur le corps féminin inspirée de la peinture classique, l’œuvre d’Angélique Boissière est une méditation profonde sur le besoin et le bonheur d’être regardé intensément… »
Extrait de la préface du livre » Soie », par Fabien Ribery, auteur, critique.