Je vous invite par l’intermédiaire de cet interview, à découvrir le portait de ce jeune photographe professionnel de nature et formateur Fabien Dubessy.
Fabien aime aborder tous les sujets de la Nature ; oiseau , faune, flore, insecte , paysage qu’il traite à sa manière, avec beaucoup de douceur et une approche personnelle dans la recherche du détail, d’une belle lumière, et des ambiances souvent épurées mettant en valeur et magnifier ses sujets.
Fabien, peux-tu te présenter en quelques lignes ?
Fabien Dubessy, 28 ans et photographe de nature professionnel. Fils d’agriculteurs/éleveurs j’ai grandi dans la campagne Lyonnaise et ai toujours été très proche de mon environnement. Enfant, mon rêve était déjà de transformer mon environnement proche en réserve naturelle. C’est donc tout naturellement que j’ai suivi un cursus de biologie/écologie et de sensibilisation à l’environnement par le biais de l’animation. Je me suis ensuite spécialisé en ornithologie. Aujourd’hui je suis photographe de nature professionnel et formateur en photographie.
Comment est née cette passion pour la photographie ?
Assez tardivement par rapport à certain photographes qui sont tombés dans le domaine dès leur enfance. Au début de ma formation en biologie/écologie, vers 18 ans, je faisais de plus en plus de sorties et d’observations naturalistes. C’est à ce moment là où j’ai vraiment eu envie de faire des photos pour partager mes observations solitaires. N’ayant pas d’appareil, j’en empruntais à des amis et à ma famille. A l’âge de 20 ans, ma famille s’est cotisée pour m’offrir un pack reflex Canon 1000D. Ce fût évidemment un très bon cadeau et j’ai tout de suite pratiqué. Au début de manière un peu aléatoire, puis au fur et à mesure de manière plus assidue et réfléchie. Cette passion a bien évolué, au point d’en faire mon métier unique et d’avoir laissé de côté mon métier d’ornithologue.
Comment te définirais-tu en tant que photographe ?
Difficile de répondre, je pense être un photographe de nature au sens large. Absolument tous les sujets m’intéressent, je fais des photos d’oiseaux bien sûr au vu de ma spécialité mais aussi de mammifères, de fleurs, de champignons, d’insectes, de paysages, de détails graphiques, de matières, etc. En fait, tant que je suis à l’extérieur pour faire une photo, je suis dans mon élément.
Quels sont tes sujets ou thèmes photographiques préférés ? Et pourquoi avoir une attirance particulière pour ces sujets-là ?
Les oiseaux naturellement de par ma formation, il est plus aisé de photographier ce que l’on connait le mieux. Le problème étant qu’ils sont assez difficiles à photographier avec les ambiances que j’apprécie. Je me tourne beaucoup vers la macro créative depuis quelques années. Dans ce domaine il y a beaucoup plus de place à l’imaginaire, à l’émotion. La création d’ambiances m’attire particulièrement.
Peux-tu- nous décrire le contenu de ton sac photo ?
Il y a peu et beaucoup de choses à la fois. C’est-à-dire que je me sers de tout, donc pas de superflu mais malgré ça il contient encore bien assez de matériel. Si je fais l’inventaire j’ai : un 5D mark III, un 7D mark II, un 400mm f/2.8, un 70-200mm f/2.8, un 100mm f/2.8, un 50mm f/1.2 et un 21mm f/2.8, un jeu de bagues allonges, quelques filtres ND, dégradés, polarisants, trépieds, et une lampe frontale. A savoir que je n’utilise pas de flash, de bras articulé ou autres accessoires pour la macro, je me débrouille avec ce que je trouve sur le terrain durant la session photo.
Je ne prends jamais tout ce matériel quand je pars faire des photos. La plupart du temps je ne prends qu’un appareil avec un voire deux objectifs et très souvent le trépied. Donc, je n’ai même pas besoin de sac de transport. J’essaie d’être le plus léger possible et libre de mes mouvements.
Si tu devais choisir une seule image de ta photothèque, quelle serait-elle ?
Une seule photo c’est quasiment mission impossible. J’en ai plusieurs que j’apprécie particulièrement mais aucune ne vient se placer au-dessus du lot. J’en choisi quand même une qui est actuellement dans l’expo « Douce Nature » il s’agit de « réflexion ».
Et pourquoi celle-ci plus qu’une autre ? Peux-tu nous raconter son histoire
Il y a plusieurs choses que j’apprécie dans ce cliché.
– Premièrement le jeu de mot du titre « Réflexion » qui est justifié par la réflexion de l’oiseau dans l’eau, comme un miroir et également car on peut imaginer que le Flamant rose est en pleine réflexion, en discussion avec lui-même en ce regardant dans l’eau. J’aime beaucoup les jeux de mots dans les titres, mais certains nécessitent des explications pour les comprendre.
– Ensuite, cette photo provient d’un lieu très touristique : la route du sel qui amène à la presqu’île de Giens. J’aime bien l’idée de sortir une photo qui dénote par son rendu par rapport à l’endroit d’où elle provient. Aussi, j’essaie de faire passer le message lors de mes rencontres qu’il n’est pas nécessaire de partir bien loin pour faire de la photo nature. A l’époque j’habitai là-bas, je suis donc allé au plus proche, entouré de personnes qui se baladent. Tout simplement. Pas de quête interminable d’un sujet rare, juste une rencontre hasardeuse.
– Et dernièrement car cette photo a été réalisée à 14h00 durant une journée ensoleillée. Horaire trop souvent déconseillé pour la photographie animalière. J’encourage vivement tout photographe à sortir à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit pour ramener des clichés. Sans lumière forte je n’aurais jamais pu obtenir un fond aussi blanc et ce reflet.
Quel message souhaites-tu faire passer au travers de tes images ?
Ça reprend un petit peu ce que j’ai expliqué au-dessus à savoir un encouragement à sortir de chez soi, où que l’on habite, à n’importe quelle heure, sous n’importe quelle condition (chaud, froid, pluie, neige etc.), et surtout de regarder ce que l’on a au pas de notre porte. La vie locale et commune est bien trop ignorée alors qu’elle est là, juste à côté de nous et très intéressante. Combien connaissent les zèbres, lions, colibris ou autre faune exotique mais n’ont jamais croisé la route d’un blaireau, d’un pipit ou qui ne regarde même pas la fleur qui pousse entre deux pavés ? Je vous invite vraiment à regarder ce qui nous entoure.
As-tu un regret ? Une photo que tu n’as pas pu réaliser ?
Un seul, ne pas mettre mis à la photographie plus tôt. J’ai eu l’occasion de voir des paysages magnifiques et n’ai ramené aucune photo correcte car à l’époque je ne savais pas les faire. Une bonne excuse pour repartir.
Quelle image aimerais-tu faire à l’avenir?
Ça je ne sais pas. Et je ne suis pas certain d’avoir envie de le savoir. Quand je pars faire des photos, je ne sais jamais ce que je vais ramener et essaie rarement de rapporter une photographie en particulier. De plus la satisfaction est beaucoup moins grande si je prévois une photo, l’imagine et fini par la réaliser que si la photo est venue par surprise de manière non calculée.
Quels sont les photographes qui t’inspirent, ou lesquels suis-tu assidûment le travail ?
Malheureusement je ne crois pas en avoir. Pendant des années, je me suis forcé à ne pas regarder le travail des autres pour ne pas être influencé malgré moi et me développer tranquillement de mon côté. Actuellement, je vois de plus en plus de photos car j’expose régulièrement aux cotés de collègues photographes. Plus tard j’aurai certainement une phase de recherche et de développement de ma culture photographique.
Peux-tu nous présenter tes autres activités complémentaires à celle de photographe nature ?
Actuellement, c’est mon activité unique et je ne prends plus de contrat en ornithologie. J’ai ponctuellement des demandes pour des reportages ou mariages via le bouche à oreille que j’accepte et réalise avec plaisir. Mais je ne souhaite pas développer ou démarcher pour ces activités. J’y prends du plaisir car c’est très ponctuel et je souhaite garder cette notion que je trouve très importante pour réaliser de beaux/bons clichés.
Tu organises différents stages, peux-tu nous les présenter en nous dévoilant leurs contenus?
Effectivement j’organise des stages photos certains week-ends. Cette activité colle tout à fait à mes formations. Photographie + animation + naturalisme = cocktail idéal pour un stage photo. J’ai créé ces stages de toutes pièces. Ils durent 2 jours, les week-ends. Le but est d’apprendre de manière détendue avec une bonne ambiance et sur des sujets communs.
Actuellement je propose 4 thématiques :
- Initiation/Perfectionnement (Rhône – Haute-Savoie – Pays Basque)
Il s’agit du seul stage qui se déroule sous forme de randonnée (facile). Il est destiné à tous ceux qui n’ont pas encore une parfaite technique de leur matériel et/ou qui ont du mal à mettre en valeur un sujet en réalisant des photos assez classiques. Il est donc destiné aux débutants ET à ceux qui souhaitent se perfectionner.
- Macro « Spécial ambiances » (Rhône – Haute-Savoie – Pays Basque)
Le plus créatif de mes stages et le seul pour lequel je demande un niveau minimum : savoir gérer vitesse, ouverture, sensibilité, profondeur de champ. Dans celui-ci nous évoluons au fil de divers ateliers thématiques afin de s’éloigner au maximum de la photographie macro classique pour tendre vers des photos beaucoup plus créatives. Chaque atelier a été construit pour travailler des notions particulières. A la fin du stage le but étant d’arriver à reprendre les notions de tous ces ateliers sur une seule image. Un sacré challenge ! Je partage tous mes « secrets de fabrication ».
- Poses longues (Pays Basque)
Nous faisons une première journée sur le littoral basque en travaillant divers rendu donnés par la pose longue, que ce soit sur une plage de sable ou sur des rochers. La seconde journée se passe sur une très belle rivière basque avec une multitude de cascades qui permettent de travailler sur la technique de poses longue en milieu plus fermé et de se perfectionner sur les cadrages dynamiques. C’est aussi l’occasion d’aborder les détails et le graphisme liés à l’eau.
- Vautours et autres oiseaux (Drôme)
Il s’agit du stage qui lie toutes mes activités : l’ornithologie, la sensibilisation à l’environnement et la photographie. L’histoire des vautours en France et dans le monde est très riche et passionnante. En plus de l’accompagnement photographique, j’en profite pour expliquer le mode de vie de ces animaux et aborde leur histoire, leurs liens etc.
Nous sommes situé en bord de falaise, au-dessus d’une colonie de vautours que nous photographions à toutes les heures de la journée, principalement en vol lorsqu’ils passent à hauteur, mais pas seulement, nous pouvons aussi en observer posés. Le matin du deuxième jour nous essayons également de photographier les passereaux qui utilisent le site. C’est l’occasion d’expliquer différentes techniques à mettre en place pour photographier ces sujets si difficiles.
Où pourrons-nous voir prochainement tes images cette année ?
Actuellement et jusqu’à fin juillet dans la revue Nat’images n°44 avec un article de 10 pages sur un challenge photo que j’ai réalisé l’an dernier.
Ensuite, je viens de terminer une grosse période d’expositions mais je serai encore :
- au festival photographique « Les silences du Ventoux » du 13 au 16 juillet à Montbrun les bains (Drôme-26)
- au « festival de l’avenir au naturel » les 02 et 03 septembre à L’Albenc (Isère-38)
- au « BioPhotoFestival » du 22 au 24 septembre à Budoia en Italie.
- aux expos « Image(s) in Air » du 07 au 15 octobre à La Londe les Maures (Var-86)
- au « Festival International Nature Namur » du 19 au 22 octobre en Belgique
- au festival « La Salamandre » du 20 au 22 octobre à Morges en Suisse
- aux « Instants sauvages 74 » du 24 au 26 novembre à Cornier (Haute-Savoie-74)
As-tu d’autres projets? Si oui, peux-tu nous les dévoiler ? (voyages, animations, livre,…)
Oui j’ai toujours plein de projets en tête, certains se concrétisent et d’autres non.
Je suis actuellement en train terminer une phase du projet L’Envol des Géants. Il s’agit d’un projet associatif dont je suis l’initiateur et 100% bénévole. Il consiste à sensibiliser un large public à la présence de quatre espèces de vautours en France, leur mode de vie, leur historique etc. par le biais de 3 supports : une exposition photographique (Evidemment ! J), une mallette pédagogique qui sera en accord avec le programme de l’éducation national et des conférences/temps d’échanges. L’idéal étant d’avoir ces 3 supports en même temps dans la même ville pour mêler l’art à l’information.
Ensuite, je suis actuellement en train de réfléchir à une nouvelle exposition qui prendrait la suite de douce nature. Pour le moment j’ai plusieurs idées.
Et enfin, j’envisage depuis un bon moment d’auto-éditer un ouvrage sous forme de « recueil photographique » qui sortirait fin 2018. Si certains éléments du livre sont déjà calés, j’ai encore beaucoup d’indécisions. C’est signe que le projet n’est pas encore suffisamment mûr pour attaquer la maquette. J’attends encore un peu et laisse mijoter tranquillement le projet avant de lui donner une forme physique.
Le mot de la fin, ou quelque chose à ajouter ?
Un grand merci à tous ceux qui suivent mon travail au fur et à mesure de mes publications, stages et expositions. Votre retour est très très important pour rester motivé et continuer d’avancer. C’est très appréciable de se sentir soutenu.
Plus d’informations sur Fabien Dubessy
Site internet : Fabien Dubessy Photographie
Facebook : https://www.facebook.com/fabien.dubessy/