le photographe
Interview de Nathan
Bonjour Nathan, comment t’es venue cette passion pour la photographie ?
Bonjour à toute l'équipe de revue photo.
Je n'ai pas baigné dans le monde de la photographie dès mon plus jeune âge. C'est une passion qui m'est venue à l'âge de 14 ans lors d'un séjour en colonie de vacances sur le Causse Méjean en Lozère. Après m'être contenté d'observer, entre autres, les grands rapaces des causses, j'ai voulu immortaliser ces moments de découverte et les partager. Pour cela, rien de mieux que la photographie. Je me suis acheté à l'époque, un petit coolpix de 2Mpix avec lequel j'ai fait mes premières armes.
Quel matériel utilises-tu ?
Je tente de couvrir la totalité des besoins du photographe nature avec un encombrement minimum. J'utilise donc un 300 2.8 avec multiplicateurs ce qui correspond selon moi au plus passe partout des téléobjectifs. L'indispensable 70-200 2.8, un grand angle et un ultra grand angle, un 150mm macro et quelques fixes ultra-lumineux selon les sorties. Le tout est monté sur un boitier aps-c et un boitier full-frame car chacun a ses avantages.
Je ne citerai pas la marque, car elle ne mérite pas que je lui fasse de la publicité gratuite.
Ton sujet ou tes sujets fétiches ? Pour ces sujets, as-tu besoin de connaissances diverses supplémentaires (biologie, stylisme…), et si nécessaire, fais-tu appel à d’autres corps de métier ?
Je n'ai pas à proprement parlé de sujets fétiches mais plutôt des préférences à un moment donné. Actuellement, je porte une attention particulière aux rapaces nocturnes, au Busard des roseaux et à la Pie bavarde. Auparavant, les roitelets et le Faucon crécerelle me prenaient le plus de temps.
Selon moi, tout sujet mérite qu'on lui porte attention… et cela passe par un minimum de connaissances de terrain. Il faut savoir analyser les comportements du sujet convoité, savoir où fini la tolérance de l'animal envers le photographe et où commence le dérangement.
Les rapaces nocturnes demandent une approche qui est tout autre qu'en plein jour : c'est le monde de l'invisible à nos yeux, le monde du silence. Elle demande aussi l'utilisation d'un éclairage artificiel ce qui permet encore plus de débrider la créativité. Cette lumière ne s'arrête pas qu'aux flashs, elle peut aussi provenir d'une lampe torche, de phares de voitures…
Les busards étant des rapaces sensibles et extrêmement farouches, je réalise mes photos dans un affût préparé à l'avance avec l'aide d'un naturaliste ayant réalisé le suivi de l'espèce sur la zone.
Quand aux pies, c'est un des avantages de photographier la nature en ville : il y a des espèces que l'on côtoie beaucoup plus facilement. Connaissant leur dortoir et leurs habitudes, ces images me demandent presque aucune préparation.
Si tu devais n’en choisir qu’une dans ta photothèque, quelle photographie nous présenterais-tu ? Peux-tu nous en raconter l’histoire ?
Question qui fait toujours peur, dans le sens où chaque image est chargée d'une histoire qui joue sur l'affection que l'on porte sur notre travail.
Cette image de pie bavarde sous la neige est un bon exemple que la persévérance se voit toujours récompensée : Tout débute un jour de début décembre 2010. La météo annonçait un fort épisode neigeux et ça n'a pas raté : 14cm au programme… Quand il ne neige qu'un jour ou deux par an sur Paris, on a pas vraiment le choix : il faut aller sur les spots photographiques où on est certain de ramener des images. Malgré les difficultés de déplacement, j'ai tout fait pour accéder à mon spot favori de pies bavardes en croisant les doigts pour réaliser une image digne de ce nom. Après la séance, grosse déception car aucune image ne se distinguait par sa qualité de mon point de vue. C'est grâce aux conseils d'un œil extérieur, quelques mois plus tard, que je porterai plus d'attention à cette image… et malgré mon scepticisme, elle aura une bonne carrière en arrivant en finale de plusieurs concours prestigieux.
Quels sont les photographes qui t’inspirent, ou desquels suis-tu assidûment le travail ?
Je m'inspire souvent du travail de Laurent Geslin car il cherche à prendre des chemins opposés à ce que le plus grand nombre fait. Je m'inspire aussi énormément du travail de Bence Maté qui pousse les performances photographiques à l'extrême.
Un avis sur le futur du métier de photographe ?
La question me touche énormément car je compte travailler dans le domaine de l'image… et j'aurais un avis très pessimiste sur ce corps de métier. Bien sûr les images auront toujours une place prépondérante dans notre quotidien…. mais la valeur d'une image n'a jamais autant été rabaissée. La vie est dure pour les photographes, mais il y a énormément de voies alternatives dans le domaine de l'éditing, de la presse, impression…
Tes récentes expositions, publications ?
J'ai mis un pied dans le monde des expositions et des publications que tout récemment : ma première exposition date de quelques mois (Vincennes ou la vie sauvage à Paris au festival de Montier-en-Der 2011) et je n'ai encore aucune publication à mon actif.
De futures expositions, publications ?
Ma toute première exposition a été une expérience très enrichissante et m'a incité à présenter mes images au public plus souvent. De nombreux projets sont lancés et j'espère qu'ils verront le jour pendant cette année 2012.
Un projet en cours ?
Il serait très difficile d'en citer qu'un, surtout que je suis à l'âge où on a des projets plein la tête. Celui qui me tient le plus à cœur est la réalisation de photos de rapaces nocturnes en vol au grand angle pour l'été 2012… les pièges photo sont déjà en construction ou en test sur le terrain.
Le mot de la fin, quelque chose à ajouter ?
Pour paraphraser Michel d'Oultremont (Revue photo, le 07/12/2011), je pense que nous avons fait le tour du sujet. Pour terminer, je tiens à remercier l'équipe de Revue Photo pour son travail.
Site Web : http://nathanphotonature.free.fr/