Bonjour Olivier, comment t’es venue cette passion pour la photographie ?
Bonjour Christophe, j'ai acquis mon premier appareil photo en 1987 alors qu'un ami passait au premier reflex Canon EOS me cédant du même coup son antique AE1.
En 1993 déjà, je m'envole pour un périple de 6 mois en Australie qui me permet de mêler travail, apprentissage de la langue anglaise et photographie de nature.
L’achat en 2003 du premier reflex numérique à « prix démocratique » me permet de raccrocher avec la pratique de la photographie que j’avais mise de côté durant près d'une décennie. Je me suis alors mis tout naturellement à photographier la faune et les paysages du pied du Jura avec une attirance particulière pour l'avifaune et le lac de Neuchâtel. Depuis lors, j'ai régulièrement voyagé dans le nord de l'Europe à la recherche de lumières photogéniques.
Quel matériel utilises-tu ?
J'utilise un boîtier numérique full frame de marque Canon avec une série d'objectifs qui vont de 17 à 500 mm en fonction des sujets. Mais depuis quelques temps déjà, je restreins naturellement mon utilisation à 3 objectifs qui couvrent relativement bien mes besoins. Il s'agit de deux focales fixes – un 21/2.8 et un 300/4 – accompagnés d'un zoom 70-200/2.8 en complément.
Ton sujet ou tes sujets fétiches ? Pour ces sujets, as-tu besoin de connaissances diverses supplémentaires (biologie, stylisme…), et si nécessaire, fais-tu appel à d’autres corps de métier ?
J'ai une attirance toute particulière pour la photographie de paysage et mon sujet fétiche est l'eau, sous toutes ses formes et dans tous ses états.
Si tu devais n’en choisir qu’une dans ta photothèque, quelle photographie nous présenterais-tu ? Peux-tu nous en raconter l’histoire ?
Difficile de sortir une image en particulier néanmoins voici une image que j'apprécie particulièrement car elle est pour moi emblématique de ce que l'Islande peut offrir en terme de paysage, d'atmosphère et de lumière.
Skogafoss est l'une des cascades les plus visitées d'Islande. Elle est située au sud-ouest de l'île, à quelques dizaines de kilomètres du volcan Eyjafjoll dont l'éruption, dans la nuit du 20 au 21 mars 2010, eut pour conséquence de perturber le trafic aérien européen durant plusieurs semaines. A proximité du village de Skogar, l'eau de la rivière Skoga chute d'une hauteur de 60 mètres se vaporisant en un panache d'embruns dans un bruit assourdissant. Lorsque le Soleil brille, un arc en ciel apparaît au pied de la cascade.
La plupart des images de Skogafoss sont réalisées du pied de la chute et la présentent dans son idyllique écrin de verdure tout en occultant le camping situé à proximité immédiate. La configuration des lieux rend difficile la recherche d'un point de vue original.
C'est en explorant les alentours, en parcourant les recoins, en empruntant les sentes peu pratiquées que j'ai découvert un point de vue plus intéressant sur la cascade. Sur le côté droit de la chute, à mi-hauteur du sentier abrupt qui permet d'en atteindre le sommet, se trouve un petit surplomb rocheux couvert d'une végétation luxuriante. Sa position dominante est un atout intéressant dans la composition de l'image. L'impression de profondeur due à une répartition judicieuse des différents plans dans l'espace est ici accentuée par le point de vue élevé. Il est intéressant de constater que les couleurs dominantes de l'image sont ; le rouge, le vert et le bleu, les trois couleurs primaires en synthèse additive.
La difficulté rencontrée lors de la prise de vue a été la gestion de l'exposition. La différence de luminosité entre le pied de la cascade et le ciel, dont les nuages étaient illuminés par les derniers rayons du soleil, va au-delà de la latitude d'exposition du capteur numérique. Il était impossible de compenser totalement l'écart de luminosité par l'utilisation de filtres dégradés neutres. L'astuce a été de placer ma main, bras tendu, devant l'objectif afin de masquer le ciel durant une partie de l'exposition. La parfaite réussite de ce masquage a nécessité une dizaine de déclenchements. Le meilleur rendu est obtenu en effectuant un léger mouvement qui permet d'éviter le marquage net du contour de la main, à "l'emporte-pièce".
Quels sont les photographes qui t’inspirent, ou desquels suis-tu assidûment le travail ?
Je ne pense pas pouvoir dire être inspiré par des photographes en particulier. J'en admire beaucoup, dans tous les genres et dans toutes les disciplines mais j'essaye le plus possible de ne pas me laisser influencer par leurs travaux. Ceux que j'apprécie particulièrement se reconnaîtront.
Un avis sur le futur du métier de photographe ?
Je ne suis pas professionnel moi-même mais je crois sincèrement que, malgré les difficultés actuelles, les photographes créatifs, innovants et charismatiques auront toujours une place dans le paysage professionnel de demain.
Tes récentes expositions, publications ?
Pas d'exposition récente mais des publications régulières ; dans Nat'Images qui consacre une belle partie de son dernier numéro aux photographes Suisses, dans Image & Nature au sein duquel j'anime dorénavant un atelier photographie de paysage en compagnie de deux photographes de talent – Emmanuel Berthier et Emmanuel Boîtier – ainsi que des illustrations régulières dans des magazines tels que Terre Sauvage et Alpes Magazine.
De futures expositions, publications ?
Je présenterai une nouvelle exposition de paysages nordiques à l'occasion du prochain Festival de la Photographie Animalière et de Nature de Montier en Der/F, les 17, 18, 19 et 20 novembre 2011.
Un projet en cours ?
Des projets de voyages et des sujets plein la tête, oui bien sûr !
Le mot de la fin, quelque chose à ajouter ?
Longue vie à RevuePhoto.com ! 😉
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