Un mercredi par mois, Le Bleu du Ciel reçoit un-e artiste de l’image pour une projection de son travail suivie d’un dialogue avec le public autour d’un apéritif. Projection-rencontre avec Fabienne Ballandras (artiste), en dialogue avec Lélia Martin-Lirot (intervenante).
« Les dessins et les mises en scènes photographiées de Fabienne Ballandras nous mettent en présence d’images d’une actualité passée, où elles agissent comme un choc transmis en différé, dans un moment ralenti qui n’est pas encore celui de l’Histoire. Ainsi des clichés de la mission Rosetta – aventure spatiale qui ressemble au futur tandis qu’elle devait éclairer un fait remontant à 4,5 milliards d’années – qui s’achèvera demain par un silence radio. Il en est de même pour ces images de foules (Petits peuples, 2013-2014), qui paraissent prolonger les paysages minéraux et irréels, où la lumière et le relief se confondent dans un même traitement graphique.
Si le sujet se précise au regard dans un deuxième temps, que contiennent encore ces images de l’élan révolutionnaire qu’elles témoignaient au monde ? Miniaturisés, énumérés par deux cent (et grisés), ces peuples soulevés de Syrie, de Tunisie, d’Egypte, de Libye, du Yémen et d’Algérie – dont les visages et les revendications se sont effacés sous l’effet d’une surexposition – composent, à peine quelques années après les évènements, un motif ordinaire, uniforme et interchangeable. Cependant éloignées de leur source comme du souci de réalisme, ces images génériques de champs de bataille amnésiques parviennent à déclencher un mince frisson collectif. Il vérifie l’apprentissage des codes et l’action par filtre des images antérieures (de presse ou de fiction) sur celles que l’on nous présente. Les photographies personnelles dont est tirée la série Coucou les enfants (2012)– où s’opère le passage de la maquette au dessin chez Fabienne Ballandras – laissent aisément apparaître ces filtres qui héroïsent la guerre dans l’imaginaire d’un jeune soldat parti en Afghanistan. Mais dans cette transparence et la torpeur de l’attente d’un événement point une énigme, un secret aux contours flous que peut-être le dessin retient quand la photographie prétend ne rien cacher : il concernerait la raison d’être des images, dont certaines sont interdites quand d’autres circulent en grande quantité. »
Texte (extrait) de Julie Portier, pour l’exposition L’effet de Réel, Le 19 Crac Montbéliard, 2016
En partenariat avec Documents d’artistes Auvergne-Rhône-Alpes.
Consulter le travail de Fabienne Ballandras sur Documents d’artistes Auvergne-Rhône-Alpes : www.dda-ra.org/BALLANDRAS
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Dates : Le 22 mai 2019
Lieu : Le Bleu du Ciel – 12 rue des Fantasques 69001 LYON